jeudi 29 décembre 2011

Séjours moins longs à la maternité : les sages-femmes cantonnées à l'après-naissance

LE PLUS. Rester moins longtemps à la maternité et être suivie à domicile : une expérience menée par l'assurance maladie dans trois départements et qui pourrait se généraliser. Notre contributrice regrette que les sages-femmes soient cantonnées à l’après-naissance pour pallier les problèmes de lits et de
budgets hospitaliers

Double discours de la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) ? Ce qui était annoncé aux sages-femmes, c’est la proposition d’un suivi supplémentaire aux femmes sortant de maternité ; ce que nous disent les médias, c’est que les mères sortiront plus tôt avec un relais assuré par les sages-femmes libérales. Les deux concepts ne sont pas strictement superposables…
Les attentes des mères prises en compte ?
Depuis quelques dizaines d’années, la durée d’hospitalisation s’est réduite comme peau de chagrin. Une fois de retour chez eux, les jeunes parents se sentent perdus face à cet inconnu qu’est leur bébé. En 2008, une enquête de la DREES montrait déjà que l’insatisfaction des "usagères" portait principalement sur le postnatal, pointant le manque d’informations et de conseils. La visite à domicile (deux sont prévues, plus si nécessaire), c’est la promesse d’une sage-femme complètement disponible pour soi et son bébé… Offrir cette transition rassurante entre la présence permanente de l’équipe à la maternité et la solitude relative de la maison est sans aucun doute un progrès.
Mais si la volonté est d’écourter les temps de séjour, l’on peut craindre que les attentes des mères ne soient pas prises en compte. Certaines seront ravies de retrouver leur foyer au plus vite, mais d’autres vivent l’hospitalisation comme une précieuse parenthèse où l’on prend soin d’elles. Pour celles-ci, le passage – aussi attentionné soit-il – d’une sage-femme ne remplacera en rien ce repos bienvenu.
Un procédé qui pourrait s'étendre à d'autres secteurs
La CNAMTS souhaite raccourcir les séjours après hospitalisation et cela ne concerne pas que la maternité. L’accompagnement des accouchées s’avère être une option très "politiquement correcte" permettant de tester un fonctionnement qui devrait s’élargir à bien d’autres secteurs de soin.
Cela explique l’intervention du conseiller de l’assurance maladie qui assure l’interface entre les femmes et les sages-femmes libérales. Cette organisation, compréhensible pour des hospitalisations imprévues, est ici superflue. Jusqu’à preuve du contraire, une grossesse dure neuf mois, ce qui laisse largement le temps d’anticiper la sortie de maternité. Mais il faut tester le système. Le conseiller s’ajoutera donc à la déjà trop longue liste des interlocuteurs d’une femme enceinte. Tant pis pour elle.
Le travail des sages-femmes réduit à l'après naissance
Du côté des sages-femmes, le regret principal est de nous voir ainsi orientées vers le suivi post-partum, alors que nous sommes nombreuses à défendre l’intérêt d’une prise en charge cohérente du pré au postnatal.
Notre compétence s’étend du suivi médical de la grossesse à l’accouchement et à ses suites (ainsi qu’au suivi gynécologique dit "de prévention"). En libéral, nous assurons les visites à domicile mais aussi les consultations, la préparation à la naissance, les suivis d’allaitement, la rééducation périnéale… Notre profession est méconnue et trop peu de femmes enceintes savent qu’elles peuvent se faire suivre par une sage-femme.
Pourtant, lorsque nous sommes présentes dès le début de la grossesse, le suivi post natal s’impose comme une tranquille évidence, dans la continuité d’une relation établie depuis plusieurs mois. Plutôt que l’intervention ponctuelle proposée par le Prado, les sages-femmes souhaitent assurer un réel accompagnement, globalisé et sécurisant

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