mercredi 9 novembre 2011

Le sort peu enviable des épouses d’émigrés restées au pays


Preuve qu’il s’agit d’un véritable problème de société, la presse africaine fait souvent état des conditions de vie des épouses d’émigrés restées au pays pendant que leur mari tente leur chance à l’étranger, en Europe, aux Etats-Unis ou encore dans un autre pays d’Afrique. Les femmes qui subissent ces conditions de plein fouet on un avis partagé sur la question. D’un côté elles sont conscientes des dangers et de l’autre, elles pensent que c’est l’unique solution pour sortir de la pauvreté. « L’émigration oui, mais non à l’absence prolongée dans la famille qui met sa ou ses épouses dans un inconfort total », résume l’une d’entre elle, reconnaissant que la distance engendre de nombreuses frustrations. Pendant des mois voire des années les épouses doivent gérer toutes seules l’éducation des enfants, les contraintes familiales et les relations avec la belle famille, en attendant l’argent que le partant s’est engagé à envoyer et qui n’arrive pas toujours. Or l’absence peut durer, il n’est pas rare qu’une décennie s’écoule sans revoir un père ou un mari. « Nous avons recensé beaucoup de femmes dont les maris sont partis depuis cinq à huit ans. Je crois que l’on peut dire en milieu urbain, que 15 à 20% des femmes sont dans cette situation », avait noté en son temps, l’ancien porte parole de la Fédération générale des travailleurs du Sénégal, Youssou Touré
« Les villageoises que l’on épouse avant de partir pour des années n’ont pas conscience des privations psychologique et affective qui les attend », souligne Khady Fall Tall la présidente de l’Association des femmes d’Afrique de l’ouest (AFAO). Si beaucoup de femmes acceptent d’épouser un futur expatrié c’est que dans l’imaginaire populaire il apportera argent et bien être. Il est en effet difficile d’imaginer qu’en occident les conditions de vie sont aussi dures et parfois plus dures qu’en Afrique. Les immigrés en outre cachent souvent à leur famille la réalité. Ils se font en général passer pour des nantis et n’avouent pas facilement qu’ils sont clandestins.
Pour le journal l’Albatros de Bamako, « Veuvage est le nom que l’on peut attribuer à la condition de vie de ces femmes mariées », des « veuves » souvent accusées de tous les péchés. «On leur colle souvent une accusation d’adultère juste pour une sortie ou un coup de fil suspect », précise-t-il.
L’absence prolongée d’un mari et la cohabitation avec les autres membres de la famille sont souvent source de conflit. Contraintes de vivre sous la surveillance étroite de leurs beaux parents, de nombreuses épouses esseulées se rebellent et prennent parfois un amant. La situation devient inextricable quand une grossesse survient. Selon le site Afrik.com, le nombre élevé d’infanticides dont les journaux se repaissent, serait la conséquence directe de cette situation.
Quant aux hommes, certains fondent un nouveau foyer dans leur pays d’adoption. D’autres reviennent le temps de prendre une seconde ou troisième épouse qu’ils laisseront à leur tour derrière eux. Rares sont ceux qui alors continuent d’aider financièrement leur première famille. Pour celle-ci, l’attente peut durer encore longtemps.

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