mercredi 16 novembre 2011

Des sages-femmes manquent à l’appel en Afrique

« Au moment d’une naissance la sage-femme tient dans ses mains la vie de deux personnes, son métier est indéniablement l’un des plus essentiels au monde », souligne le quotidien kenyan The Standard, qui pointe que malgré cela les sages-femmes font cruellement défaut en Afrique.
The african medical and research foudation (Amref ) a lancé le 13 octobre une campagne internationale de mobilisation dont l’objectif est de réduire de 25% la mortalité maternelle en Afrique sub-saharienne grâce à la formation de 30 000 nouvelles sages-femmes sur l’ensemble du continent d’ici 2015. Intitulée « Stand up for african mothers », la campagne entend « alerter sur la situation critique des mères africaines et mobiliser la communauté internationale sur la nécessité de former des sages-femmes qui délivrent des soins de santé aux femmes », explique l’Amref sur son site. L’ ONG créée en 1957 et dont le siège social est à Nairobi, propose également le parrainage d’une sage-femme africaine et récolte des dons.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), chaque jour 1500 femmes meurent en Afrique de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement, soit plus de 280 000 décès par an. Dans 14 pays africains le taux de mortalité maternelle dépasse 1000 décès pour 100 000 naissances. Au Tchad qui est selon l’OMS le deuxième pays le pire au monde (après l’Afghanistan) la situation est alarmante. « C’est étonnant et inadmissible, lorsque l’on sait que notre pays a beaucoup de potentialités », a déploré Achta Toné Grossingar, la première sage-femme du pays, devenue l’ambassadrice itinérante pour le Tchad de l’instance onusienne, Campagne d’accélération pour la réduction de la mortalité maternelle et néo natale en Afrique (CARMMA) dont le mot d’ordre est « pour une maternité sans riques ». Achta reconnaît qu’elle a beaucoup d’idées pour lutter contre le fléau mais que les finances ne suivent pas. D’ici le 15 décembre elle espère toutefois avoir rencontré tous les responsables politiques et religieux pour leur faire comprendre ce message : « la santé de la mère et de l’enfant est la priorité des priorités ».
Le Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap) a de son côté financé la formation de 46 enseignantes pour les écoles de sages-femmes en sous effectifs au Cameroun où on ne compte que 122 sages-femmes diplômées d’Etat pour un pays de près de 20 millions d’habitants , rapporte le Journal du Cameroun.
A Bamako, les 6 et 7 octobre, une rencontre entre les premières dames de Guinée Conakry, Guinée Bissau, Burkina Faso, Congo Brazzaville, Sénégal et Mozambique ‘est tenue sous la houlette de la présidence du Mali. Là encore, l’accent a été mis sur l’indispensable formation continue des sages-femmes ainsi que l’évaluation des besoins.
Pour montrer le rôle incontournable des sages-femmes du continent, 3 000 d’entre elles ont participé à un grand rassemblement organisé à l’occasion de la publication d’un rapport sur la pratique du métier de sage-femme dans le monde en 2011, à Durban en Afrique du Sud, le 24 juin dernier. 3000 femmes venues de différents pays d’Afrique et d’ailleurs pour manifester leur fierté pour leur travail. Le rapport publié par la Fnuap révèle entre autres à quel point l’Afrique est loin d’atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) fixés par l’ONU, qui visent à faire en sorte que 95% des accouchements ayant lieu sur le sol africain soient assistés par une professionnelle de la naissance.

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