La façon dont les
hommes adaptent leur langage à celui des femmes dépend de la fertilité de leurs
interlocutrices. En contradiction avec les recherches démontrant qu’on s’aligne
verbalement avec son interlocuteur lorsque celui-ci est un proche. Les chercheurs
estiment que ce comportement masculin permettrait de mettre en avant leur
créativité, une qualité prisée par ces dames.
La séduction entre les hommes et les femmes est un phénomène
encore complexe. Si l’on attribue à des phéromones des propriétés attractives, en indiquant notamment
aux hommes l’état de fertilité des femmes, de nombreux autres paramètres
rentrent en ligne de compte.
Parmi eux, la communication aurait son importance. De précédents travaux ont
par exemple montré que des personnes proches (amants, amis…) communiquaient en
employant des phrases dotées d’une même structure, d’un vocabulaire identique
et énoncées à un débit similaire. À l’inverse, ces paramètres varient d’autant
plus qu’une relation est distante. Ces divergences ou convergences verbales
contribuent à l’alignement linguistique.
Deux chercheurs de l’université de Floride viennent d’apporter une pierre
supplémentaire à ce vaste édifice, en montrant de manière assez surprenante que
la divergence verbale est plus grande de la part des hommes quand les femmes
sont fertiles. Ces résultats sont publiés dans Plos One.
Le pic de créativité
des hommes lié au pic de fertilité des femmes
Le protocole expérimental était le suivant. Des jeunes hommes
(123) constituaient le panel de sujets. Face à chacun d’eux, l’une des cinq
expérimentatrices, des jeunes femmes qui ne prenaient pas la pilule contraceptive et dont le cycle menstruel était suivi afin d'estimer leur fertilité à
chaque période du test.
Placés face à face,
assez près pour que les hommes perçoivent (inconsciemment) les indices sur
l’état physiologique de l’expérimentatrice, les deux protagonistes devaient
décrire en une phrase, en utilisant un verbe particulier et à tour de rôle, des
images devant eux. Dans la moitié des cas, les dessins permettaient de formuler
les phrases de deux façons différentes. Par exemple : « le capitaine
transmet un message à son second » ou « le capitaine transmet à son
second un message ». Galanterie oblige, les femmes commençaient et les
hommes enchaînaient.
Ce graphique montre la proportion de convergence verbale (Estimated proportion of matching responses) en fonction de la fertilité des expérimentatrices (Confederate's conception risk). On voit clairement que plus la fécondité augmente et moins les réponses concordent. © Kaschak et al., Plos One
Bilan : plus les
femmes étaient fécondes, plus les hommes employaient la structure syntaxique
que n’avait utilisée l’expérimentatrice. À l’opposé, lorsque les femmes étaient
les moins fertiles, la correspondance entre les deux langages était la plus
élevée.
Quant à
l’interprétation de ces résultats, les auteurs émettent l’hypothèse suivante :
des études ayant montré que les hommes savaient ressentir la période de fertilité des femmes, ils augmenteraient leurs chances d'accouplement en montrant leur créativité et favoriseraient
ainsi leur succès reproducteur.
Cette théorie se
situe dans la lignée de résultats obtenus dans de précédents travaux de
recherche, évoquant que les comportements non conformes, dont la créativité et
la prise de risques, séduisaient davantage les femmes.
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